Il n’est jamais plus tard que minuit

vendredi 20 avril 2018

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Auteur : Isabelle Never 
Éditeur : Carnets Nord
Nombres de pages : 300 pages
Prix : 19€
Paru le: 20/04/18


Résumé :
Rangoun, Birmanie, 2004.

« L’odeur me saisit ; mélange d’effluves de fleurs, de feux de bois, de fumets de cuisine, de gaz d’échappement, l’odeur d’un peuple qui vit dans la pauvreté, la chaleur et l’humidité. »

En quelques mots, Jeanne marque son retour en Birmanie, où elle espère s’oublier puisqu’elle ne pourra jamais effacer le drame : son mari et ses deux petites filles morts dans un accident d’avion. Derrière les rideaux de bambous d’un monde qu’elle côtoyait sans le connaître, en se dépouillant de ses vêtements d’Occidentale, Jeanne découvre peu à peu un peuple qui pense et respire autrement. En prise avec ses démons intérieurs, elle voyage dans ce pays où s’affrontent violences et aspirations spirituelles.

Il n’est jamais plus tard que minuit est le beau et subtil portrait d’une femme qui, sans oublier ceux qu’elle a perdus, retrouve doucement goût à la vie, par un travail intime face à la douleur. Ce roman nous laisse entrevoir des âmes vagabondes, des lieux où l’on sent que l’essentiel demeure mystérieux.



Quoi de plus pour me rendre curieuse que de me dire qu'un ouvrage mêle l'Asie et une histoire qui à l'air terriblement bouleversante. Il ne m'en fallait justement pas plus. Et je ne vous cache pas que dès le début de ma lecture, il y a quelque chose que j'ai beaucoup apprécié dès la première phrase, le tout premier paragraphe du roman : la plume de l'auteure. 

"La Seine a beaucoup pleuré cette nuit. Elle sanglote encore sur les berges inondées tandis qu'a commencé sous ma fenêtre la valse des voitures, rythmée par les klaxon. Les immeubles de l'île Saint-Louis s'habillent de lumière, que le soleil veut vive en ce matin d'avril." 

Ce sont les premiers mots du roman, des mots touchant, une description que je trouve poétique. Cela m'a donné l'impression que même si l'histoire qui allait suivre pouvait potentiellement me déplaire (ce dont je doutais fortement), j'allais quand même apprécier la manière dont cela allait être raconté, car dès les premières lignes la plume de l'auteure m'a beaucoup touché. J'apprécie les mots qu'elle choisie et la tournure de ses phrases. Cela faisait longtemps que je n'avais pas aimé une plume dès la première ligne ! C'est assez rare, mais quand cela arrive, c'est toujours un bon présage pour la suite de ma lecture.

L'histoire que relate ce roman est une historie tragique, mais également en quelque sorte une histoire porteuse d'espoir et de renouveau. Si le début du roman nous met face au tragique destin auquel fait face Jeanne le personnage principal, si la vie et les sentiments brisés de cette mère sont touchant au possible, c'est pour laisser place par la suite au deuil et à une nouvelle vie. Voir la reconstruction progressive du personnage de Jeanne est vraiment très touchant, c'est un personnage pour lequel j'ai ressenti beaucoup d’empathie. Son histoire m'a un peu fait penser à celle de Diane dans le roman "Les gens heureux lisent et boivent du café", d'Agnès Martin-Lugand, l'histoire d'une femme qui perd un proche et qui quitte tout pour partir vivre loin de la France.

"Je pourrais garder le nom de Marco, Sampreana c'est joli, chantant. Et c'est son nom. C'était son nom. Pas le mien. Plus le mien. Quoique..." 

C'est en Birmanie que se retrouve Jeanne pour tenter d'oublier et de prendre un nouveau départ. La Birmanie, son ancien lieu de vie, là où sa vie s'est brisée, là où ils sont partis sans elle. Entre les réminiscences de sa vie passé et ses expériences présentes, c'est à travers un récit touchant que l'auteure nous dresse le portrait de Jeanne, la Jeanne du passé et celle du présent qui tend vers celle du futur. Un périple qui la fait passer par différentes étapes: le déni, la colère jusqu'à la reconstruction et à l'acceptation.  

A travers sa redécouverte de ce pays, j'ai pu découvrir une culture et un pays qui m'ont l'air magnifique, je n'ai pas pu m’empêcher au fil de ma lecture de chercher des images des lieux abordé pour me faire une idée et m’imaginer un peu plus ce que le personnage de Jeanne voyait. Avec l'écoulement du temps, elle visite et divague dans de nombreux lieux et fait de nombreuses rencontre qui l'a poussent tous à leur manière vers l'avant. Ce sont des personnages que l'on découvre le temps de quelques chapitres, comme Thura un Birman dont l'historie et la façon de penser ma beaucoup toucher, Josef, Laurie ou Katheryn une Américaine avec qui Jeanne passe quelques jours. Chacune de ces rencontres fait évoluer l'histoire, car elles permettent à Jeanne de changer peu à peu. 

Hormis le deuil et la reconstruction de soi, plusieurs thèmes sont abordé dans l'histoire et sont intéressants. Je pense notamment à l'engagement, l'humanitaire, la maternité, la religion...  Chacun des personnages permet d'aborder un des thèmes et nous avons différents points de vue sur différentes questions. 

"Je ne ressens pas le besoin de marquer mon passage sur cette terre, je ne vois pas la nécessité de reproduire mes gènes, ni de savoir qu'ils me survivront. Aujourd'hui je suis, demain je serai morte. Il ne restera rien de moi. So what ?"

La seule petite chose que je reprocherais à ce roman, mais en soit c'est un choix de l'auteure que je peux comprendre, c'est le fait que les chapitres dans lesquels se trouvent les réminiscences du passé de Jeanne, viennent parfois "couper" les moments de narration au présent, ce qui m'a un peu déranger lors de ma lecture. J'aurais aimé continuer de découvrir le présent du personnage. Bien que pour comprendre ce présent ces fameux chapitres sur son passé sont nécessaire. 

Ce qui est assez paradoxal, c'est que si j'avais lu cet ouvrage quelques années en arrière, je n'aurais certainement pas autant apprécié cette lecture. Mes goûts de lectrices et mon point de vue sur la vie changent et évoluent, je suis donc heureuse d'avoir eut l’occasion de découvrir cet ouvrage à cette période de ma vie. Je remercie sincèrement les éditions Carnet Nord pour m'en avoir donné l'occasion. 


Ce roman fut pour moi une très bonne lecture, j'y ai découvert une nouvelle culture à travers l'histoire bouleversante de Jeanne et la reconstruction progressive de cette femme touchante. C'est une très belle histoire mise en valeur par la plume de son auteure. 

Ma note: 5/5

 Je le conseille
 ? Oui évidement, c'est un très bel ouvrage ! 


Et vous, connaissez-vous ce roman ?  L'avez-vous lu ? 

Où êtes-vous tenté ? Dites-moi tout ! 


2 commentaires:

  1. Merci pour ton article, bon retour sur la blogo ! Je ne connaissais pas du tout ce roman, tu m'a donné plutôt envie de la découvrir, peut-être un de mes prochains achats ?

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  2. Il a l'air très touchant comme roman. Je pense que je pourrais apprécié, même si le style n'est pas vraiment très habituel pour moi, je parle du côté poétique. Mais pourquoi pas :)

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